Alain Pépin est maître
de plongée au Club de plongée sous-marine Eauzone. Il fait partie du
club depuis plus de 15 ans et plusieurs le connaissent sous le nom de
«Cascadeur sous-marin». On peut parfois l'apercevoir dans la partie
creuse de la piscine de la base militaire de St-Jean à exécuter des
prouesses sous l'eau avec toutes sortes d'équipements plus fous les uns
que les autres. Nous lui avons posé quelques questions pour en
apprendre un peu plus sur ce qui le passionne.
Pourquoi vous appelle-t-on le cascadeur sous-marin
?
Quelques années après avoir suivi mes cours de
plongée sous-marine ainsi que quelques spécialités, j'ai commencé à
expérimenter avec des vêtements, des accessoires et à faire filmer
des exploits inusités avec ma caméra vidéo sous-marine. La
combinaison d’une pièce et le casque de moto sont devenus un thème
récurrent. Puisque je me pointe toujours sur un bateau de plongée avec
des objets qui ne semblent n'avoir rien à voir avec les sports
aquatiques, le nom m'est resté.
J'ai été certifié à l'école de plongée de la
base en 1988 (le club s'appelait alors «Eau-méga») et j 'ai suivi
quelques cours de spécialités en plongée, mon cours avancé et celui
de plongeur sauveteur. J'ai été très actif lors des sorties de ce
club et c'est cinq ans plus tard lorsque j'avais, si on peut dire ainsi,
«tout vu» en plongée que je me suis demandé comment maintenir mon
intérêt dans ce sport. J'ai acheté une caméra vidéo sous-marine, un
«Walkman» pour écouter la musique sous l'eau, et j'ai commencé à
apporter divers objets lors d'excursions de plongée sur des sites
devenus familiers dont des bicyclettes, des skis, des raquettes, des
casques et même l'habit complet de motoneigiste.
Quel est votre principal but lorsque vous utilisez
ces équipements ?
Il vient un temps où faire des longueurs et
chronométrer sa respiration devient routinier, voire «plate», et je
perdais graduellement de l'intérêt pour le sport. J'ai lu beaucoup sur
la physionomie de la plongée et de ses dangers et j'ai décidé que
cette direction n'était pas pour moi. J'étais désormais satisfait de
mes capacités physiques et je cherchais des activités divertissantes,
tout en restant dans le contexte du «défi». Dans plusieurs films
d'action, il y a des scènes qui se jouent sous l'eau et au début je
tentais de les imiter. Ça m'a fait découvrir des caractéristiques
intéressantes des accessoires que j'essayais. Entre autres, il est plus
difficile d'entraîner un casque de motocycliste au fond de l'eau qu'un
gilet de sauvetage! Il est plus facile de nager avec des bottes de ski
que de marcher avec des bottes de ski! Qui l'aurait cru?
Quel est votre plus grand exploit ou celui dont
vous êtes le plus fier ?
La traversée de la piscine olympique de
l'Université de Sherbrooke sous l'eau en habit complet de motoneige
dans le cadre de l'émission télévisée «Relevez le Défi».
Avez-vous déjà eu peur lors d’une cascade ?
J'ai déjà eu peur, très peur, mais c'était
bien avant d'avoir les connaissances nécessaires pour que j'adopte le
surnom de «cascadeur». Je me laissais parfois entraîner dans des
défis par d'autres gens et je n'avais pas la maturité de refuser de
les relever. Aussi curieux que ça puisse paraître, je ne suis pas
téméraire du tout de nos jours. Si je veux exécuter une prouesse
aujourd'hui, je m'entraîne graduellement jusqu'à ce que sa
réalisation soit à 100% sans le moindre danger.
Qu’est-ce qui vous passionne dans la plongée ?
J'aime
la plongée parce qu'il s'agit d'un sport de collaboration, et non de
confrontation. Lorsqu'on fait de la plongée, l'objectif n'est pas de
dépasser l'autre, le battre ou de marquer plus de points, mais bien de
réaliser une aventure entre amis. Chaque participant en plongée
collabore à sa réalisation. C'est particulièrement enrichissant
lorsqu'on découvre un nouvel endroit et qu'on a l'impression d'être
les premiers à l'avoir visité. Ce que j'ai gagné le plus en faisant
de la plongée, et par la suite les cascades, c'est la santé. Durant le
cours de plongée, le corps subit un entraînement subtil. Ça ne
paraît pas, mais il travaille. Il devient fort. De plus, lorsque
l'activité est intéressante, on ne s'aperçoit pas de l'effort qu'on y
met. Je me suis donc retrouvé après la fin de mon cours en 1988...
sans allergies, sans grippes, sans saignements de nez, sans cire dans
les oreilles et avec une forme physique que je n'avais pas cru possible
auparavant. Je tiens vraiment à garder cela. Je travaille dans un
bureau toute la journée, mais si je peux me mettre «dans la peau d'un
personnage d'action» le soir venu, alors toute ma motivation à
l'activité physique est là. C'est pourquoi j'espère un jour,
participer à un film impliquant ce genre de cascade ou encore faire des
tournées de démonstrations qui pourraient servir à élargir les
connaissances des gens en matière de survie aquatique (exemple:
tournée des bases ou spectacles pour militaires en mission à
l'étranger).