L'ÉPONGE D'EAU DOUCE
Avez-vous déjà remarqué au fond d'un lac ces petits massifs verdâtres
fixés sur le sable ou une espèce de mousse autour d'une branche d'arbre
submergée? À première vue cette pousse vente peut être confondue à une
sorte de plante aquatique, mais c'est en fait une éponge bien vivante "en
eau douce" ! Elle peut recouvrir une surface de quelques centimètres à
quelques mètres carrés et elle diffère de l'éponge marine en ce qu'elle ne
survivra généralement pas à l'hiver. Elle atteindra sa croissance maximum en
juillet ou août et commencera à se désintégrer à la fin de septembre
environ. Il ne restera alors que de petites pousses qui serviront à reformer la
colonie l'été suivant (reproduction asexuée). Il pourrait arriver
occasionnellement que l'éponge garde toute sa couleur et sa vitalité tout au
long de l'hiver. mais ce serait un cas exceptionnel.
Les éponges d'eau douce prolifèrent dans un endroit où l'eau est claire,
ou bien lorsqu'il y a un léger courant, et enfin dans un milieu pauvre en
calcium. Il doit y avoir beaucoup de matière organique microscopique en
suspension pour lui assurer sa nourriture. Lorsque ces conditions sont réunies,
l'éponge se développera sur toutes sortes de matériaux (sable, troncs
d'arbres, roches, fils de pêche suspendus à une branche et même sur les
coquilles des moules d'eau douce). On peut la retrouver partout à partir de 2
mètres de profondeur et étant donné qu'elle ne requiert pas de soleil,
l'éponge se multipliera aisément sous un surplomb rocheux. à l'intérieur
d'une épave ou d'un tuyau d'alimentation d'eau. Elle aura alors une couleur
jaunâtre, brun pâle, rougeâtre ou blanche, tandis que celle qui poussera en
présence des rayons du soleil, aura une couleur verte à cause d'une algue (Chlorella)
qui vit en symbiose dans ses tissus.
Comme l'éponge marine, l'éponge d'eau douce est un animal très primitif;
elle ne possède aucun organe, pas de bouche ou de système digestif, pas plus
que de système nerveux. Son corps couvert de pores, de canaux et de chambres
permettent à l'eau chargée de matières organiques de passer au travers,
apportant ainsi les éléments nutritifs servant à son développement.
L'échange gazeux de la respiration se fait aussi à travers cet épiderme
poreux. L'éponge est capable d'obtenir une certaine contraction de ses tissus,
mais généralement elle reste fixe et passive à son point d'attache, et attend
que la nourriture vienne à elle en passant à travers son corps. De petits
insectes ainsi que des vers cohabitent à l'intérieur de ses tissus qui forment
un excellent abri. On y retrouve entre autre la larve de la mouche Spongilla.
L'ÉPONGE D'EAU SALÉE
L'éponge que l'on retrouve dans les eaux gaspésiennes, par exemple n'est
pas vraiment différente dans ses fonctions vitales de l'éponge d'eau douce.
Ses modes de nutrition et de respiration sont identiques. Le mécanisme de
reproduction qui est aussi le même peut être sexué ou asexué, c'est-à-dire
qu'elle peut se reproduire par bouturages ou bien il se développera à
l'intérieur d'une éponge, ou un oeuf ou du sperme. Cette semence sera
libérée dans l'eau sous forme de nuage, et lorsqu'elle atteindra une autre
éponge, fertilisera l'oeuf contenu dans un organe spécial. L'embryon sera
ensuite relâché dans l'eau et lorsqu'il atteindra une surface quelconque
formera une nouvelle colonie.
Les éponges d'eaux salées froides, sont cependant plus colorées que leurs
congénères d'eau douce. Les couleurs plus brillantes passent du rouge au jaune
tandis que certaines éponges possèdent plusieurs nuances de vert. Leurs formes
sont cependant moins fines. Elles poussent généralement en masse plus compacte
et ne possèdent pas de longues ramifications comme celles que l'on retrouve sur
les éponges des fonds de sable de nos lacs.
L'éponge marine loge aussi des pensionnaires; les ophiures, sorte d'étoile
de mer à cinq bras longs et étroits, peuvent cohabiter avec de petits Bernard
l'Hermite ou quelquefois avec des bourgaux miniatures. Il se crée alors une
sorte de symbiose entre l'éponge et ses locataires. Ces derniers en laissant
échapper des fines particules de nourriture, permettent à l'éponge de se
nourrir et celle-ci offre en retour un abri confortable.
Comme vous pouvez le constater, les similitudes sont assez frappantes et
plusieurs êtres ont des modes de vie très semblables malgré la différence de
salinité de leur milieu. Ces comparaisons entre la vie en eau douce et la vie
marine fera l'objet d'un article dans les mois à venir.