LE LOUP ATLANTIQUE
(Anarhichas lupus
Linné)

par Roxanne "Roxy"
Lamoureux
Revue LA PLONGÉE, Volume 14, No. 6, Décembre 1987
Édition revue et corrigée, mai 2002
Le loup atlantique vit en eau salée à des profondeurs moyennes (du côté
de la Gaspésie par exemple on le retrouve entre 20 et 155 m). Si cette limite
inférieure de distribution de 155 m peut sembler excessive pour le plongeur
sportif, pour un habitant de la mer, c'est presque sur la plage !
Je ne peux me souvenir à quand remonte ma première rencontre avec ce
"canidé" (1) marin, mais à chaque fois que je le retrouve sur mon
chemin en plongée ou lorsqu'un pêcheur gaspésien en rapporte à terre cela
m'impressionne toujours autant. Sa tête est quelque peu disproportionnée par
rapport au reste du corps. Elle fait le cinquième de la longueur totale d'un
corps qui peut atteindre les 1,50 m (5'). De plus, sa queue, toute petite en
apparence, ne fait qu'amplifier l'énormité de cette tête. Ce poisson mérite
bien son appellation. À elle seule sa gueule en fait un vrai "loup":
elle se prolonge jusqu'à l'arrière de l'oeil et est garnie de plusieurs
rangées de dents - 6 dents coniques à l'avant de la mâchoire supérieure,
suivies de 5 ou 6 canines plus petites à l'arrière; sur la mâchoire
inférieure de 4 à 6 grosses défenses précédant 3 séries de dents broyeuses
au palais et 2 rangées de molaires arrondies.
Son corps est dépourvu d'écailles apparentes, ce qui lui donne une texture
lisse. La coloration de sa peau est d'un gris bleuté garni d'une dizaine de
rayures transversales plus foncées. Sa gorge et son ventre sont d'un blanc
sali. Ces teintes plutôt ternes sont très bien adaptées aux coloris des fonds
durs qu'il affectionne, et sur lesquels il prélèvera mollusques, crustacés et
échinodermes qui composent principalement son menu. Malgré son apparente
férocité, je n'ai jamais eu à me défendre contre une attaque de sa part. Il
semble sûr de lui, et ne recherche pas la bagarre, sauf à l'approche d'un
congénère. Toutefois, je vous mets en garde de ne pas essayer de le capturer.
Imaginez le sort de votre gant et de votre main quand on le sais capable de
broyer un buccin, coquillage à carapace vraiment épaisse. Hors de l'eau, si on
lui insère un bâton entre les dents, il y laissera la marque profonde de ses
canines! Observez-le mais de grâce laissez-le tranquille.
Il m'est arrivé à une occasion d'observer un de ces poissons (un mâle ou
une femelle?) surveillant ses oeufs (lesquels sont relativement gros - de 6 à 7
mm, soit à peu près la grosseur de ceux du saumon de l'atlantique) dans une cavité rocheuse. De couleur blanchâtre, les oeufs étaient
libres dans la cavité. J'aurais voulu m'en procurer un spécimen pour plus
ample identification, mais face à cette mâchoire patibulaire, je n'ai pas osé
m'exécuter...
Cette "grosse anguille trapue", il faut bien l'avouer, n'a pas
l'apparence attrayante des autres poissons aux formes plus familières. Les
nageoires pelviennes et la ligne latérale sont absentes. Une longue nageoire
dorsale fait toute la longueur du dos, une anale la moitié de la dorsale et la
queue est très peu développée. On ne peut pas dire que Dame Nature l'ait
choyé pour se déplacer rapidement sur les fonds. C'est pourquoi son menu se
compose principalement d'espèces relativement fixes ou aux déplacements très
lents (oursins, buccins, homards, crabes). Même si ce poisson ne s'attire pas
la faveur des pêcheurs qui le capturent à la ligne ou dans les cages à
homards, il est certain que les gastronomes se l'arrachent une fois découverte
la délicatesse de sa chair.
Certains prétendent qu'il y aurait deux espèces distinctes dans le Golfe
St-Laurent, soit le loup atlantique et le loup tacheté (Anarhichas minor)
mais, selon les scientifiques, ce dernier n'aurait jamais été signalé dans
les eaux québécoises. De plus, le loup tacheté semble préférer les eaux
plus profondes soit jusqu'à 250 brasses (à 6 pieds - 2 m - de la brasse, cette
espèce n'est donc pas très accessible au plongeur !).
Le loup atlantique n'est pas une rencontre très fréquente et je n'ai pas eu
l'occasion de tester sa voracité en lui présentant des oursins. Mais, si vous
en apercevez un spécimen lors d'une plongée, comptez-vous parmi les chanceux
et prenez le temps de "compter" ses canines à ma santé.
(1)
Canidé :
terme emprunté aux mammifères terrestres du genre loup et chien entre
autres. |

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A.H. Leim et W.B. Scott, Poissons
de la Côte Atlantique du Canada, (Bulletin 133) |
LE LOUP ATLANTIQUE
(Anarhichas lupus)
par Paul L. Janosi
Revue LA PLONGÉE, Volume 12, No. 5, Septembre /
Octobre 1985
Le loup atlantique (Anarhichas lupus) possède une très
puissante mâchoire d'une grande dimension. Elle est armée d'une
impressionnante rangée de dents. Celles-ci sont pointues à l'avant et à
l'arrière, elles ressemblent à des molaires. Ce poisson est extrêmement
vorace et dangereux à manipuler.
Le loup atlantique, qui a l'aspect d'une anguille, peut atteindre une
longueur de 5 pieds (1.5 m) et peser jusqu'à 30 livres (13.5kg). Ses couleurs
varient entre le violacé, brunâtre, bleu gris et olive ou un mélange de
celles-ci selon les coloris du fond qu'il habite. Le corps est marqué de 9 à
12 barres verticales. On peut trouver ce poisson sur les fonds durs, du bord du
rivage jusqu'à une profondeur de 500 pieds. Son habitat longe le nord des
océans Atlantique et Pacifique, du Groenland jusqu'à Cap Cod.
Le régime alimentaire du loup atlantique est composé surtout de mollusques,
crustacés et d'échinodermes (étoiles de mer et oursins). Bien que le loup
atlantique soit relativement paresseux et nocturne, il faut malgré tout s'en méfier
car il peut mordre, et particulièrement violemment croyez-moi; c'est une
espèce qui peut être dangereuse à cause de ses dents redoutables et de sa
tendance à attaquer les objets et les personnes dans l'eau.
Bref, c'est un petit copain qu'il ne convient pas de ramener
"déjeuner" à la maison.
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