Au Québec, une grande quantité de gens habitant les secteurs maritimes
ainsi que les touristes qui les fréquentent adorent déguster des mollusques et
ce, dès que la neige disparaît, et plus tôt pour certains. Malheureusement,
beaucoup d'entre eux ne se préoccupent pas de savoir si ces mollusques
présentent un danger pour la santé. Il n'osent pas s'informer auprès des
organismes gouvernementaux avant de les récolter. Au Canada, c'est le Québec
qui, depuis 1880, a obtenu le plus grand nombre de cas d'intoxication
paralysante par les mollusques.
Depuis le 1er avril 1984, la surveillance des zones de récolte des
mollusques est sous la responsabilité des Pêches et des Océans du
gouvernement du Canada.
La Division de l'inspection du ministère a donc mis sur pied un programme
d'échantillonnage et d'analyse des mollusques et la Division de la protection a
mandaté ses agents des pêches pour la surveillance des zones de cueillette sur
le littoral de toute la région maritime du Québec. Environ 560 zones
susceptibles d'être ouvertes ou fermées à la cueillette des mollusques se
retrouvent sur la Côte-Nord (de Baie St-Paul à Natashquan), aux îles de la
Madeleine, sur l'île d'Anticosti et dans les régions du Bas du Fleuve et de la
Gaspésie. Cette surveillance est effectuée afin de protéger le public
consommateur, tout en lui permettant de récolter les mollusques a des endroits
sains.
Pourquoi une zone est-elle fermée ?
Une zone peut être fermée soit pour POLLUTION, soit pour TOXICITÉ.
LA POLLUTION
La pollution est principalement provoquée par les égouts domestiques, par
le drainage des terres de culture et d'élevage amenant à l'eau la matière
fécale des animaux domestiques ainsi que certains produits chimiques, par
l'épandage d'insecticides pour protéger les forêts, par les égouts
industriels qui ne sont pas traités et par les différents déchets jetés sur
les rivages et les plages fréquentés par les baigneurs. Les pluies peuvent
augmenter le niveau de pollution en y apportant de nouveaux éléments et en
activant le drainage des terres et des plages. Une zone polluée demeure fermée
en permanence à moins d'amélioration majeure.
Symptômes causés par la pollution
En consommant des mollusques cueillis dans une zone polluée, les gens
peuvent éprouver des troubles digestifs et intestinaux allant jusqu'à la
fièvre typhoïde. Les bactéries pathogènes et les virus sont les principaux
micro-organismes impliqués.
LA TOXICITÉ
La toxicité ne peut pas être considérée comme une pollution parce qu'elle
est complètement indépendante des activités de l'homme. C'est un phénomène
naturel dû à une algue microscopique (Gonyaulax tamarensis) qui
est intégrée par les mollusques filtreurs. Environ neuf (9) toxines peuvent
être produites par Gonyaulax et les mollusques n'en sont pas
affectés. L'apparence, l'odeur, le goût, la couleur ne peuvent pas nous
permettre de distinguer un mollusque sain de celui qui est toxique.
Toutes les croyances populaires qu'on a utilisées pour déterminer la
comestibilité ou non d'un mollusque sont fausses. Ainsi, des cas d'intoxication
paralysante par les mollusques ont été décelés du mois de mars au mois de
novembre et peuvent se produire à n'importe quel jour de la semaine Seules des
analyses effectuées en laboratoire permettent de déceler les toxines. C'est la
raison qui a incité le ministère des Pêches et des Océans à établir un
système d'échantillonnages et d'analyses qui permettent de connaître les
zones susceptibles d'être toxiques afin de protéger la santé des
consommateurs de mollusques.
Symptômes d'intoxication paralysante par les mollusques
Si les toxines de Gonyaulax n'affectent pas les mollusques,
elles causent par contre d'énormes problèmes chez les humains, provoquant
même la mort. Les symptômes peuvent se manifester 30 minutes après avoir
mangé des mollusques toxiques et peuvent varier selon plusieurs facteurs et
selon les individus. Les symptômes spécifiques à l'intoxication paralysante
par les mollusques sont habituellement les suivants:
- Sensation de picotement ou d'engourdissement dans la région des lèvres,
s'étendant graduellement à la figure et au cou.
- Sensation de fourmillement au bout des doigts et des orteils pouvant
progresser jusqu'aux bras et aux jambes.
- Maux de tête, étourdissements, nausées, langage incohérent, raideur et
non-coordination des membres, faiblesse générale et sensation de
légèreté, pouls rapide, paralysie musculaire, respiration difficile.
- Dans le cas d'intoxication fatale, la mort vient par paralysie
respiratoire et collapsus cardio-vasculaire habituellement dans les 72
heures qui suivent l'ingestion des mollusques toxiques.
QUE SONT LES MOLLUSQUES
Les mollusques représentent l'un des groupes les plus importants parmi le
règne animal. Après les insectes, ils comptent plus d'espèces que n'importe
qu'elle autre subdivision animale, soit environ 800 000 espèces connues. Le
terme mollusque vient du latin "mollis" qui signifie mou (c'est donc
un corps mou à l'intérieur d'une coquille dure). Nous présentons ici les
principaux mollusques marins que l'on peut trouver le long des côtes de
l'estuaire du Saint-Laurent et dans la baie des Chaleurs.
LES BIVALVES
La mye, la moule, la clovisse, le couteau, la palourde et le pétoncle sont
des espèces qui font partie de la classe de bivalves. Cette classe se
caractérise par une coquille formée de deux valves réunies par une charnière
faite d'un ligament élastique.
Les bivalves se nourrissent en aspirant les sédiments dans leur milieu afin
de retenir les aliments nutritifs dont Gonyaulax tamarensis, responsable
de l'intoxication paralysante par les mollusques.
Chez les espèces nommées précédemment, on trouve des individus mâles et
des individus femelles sans toutefois avoir d'accouplement. La femelle libère
ses oeufs dans l'eau et le sperme du mâle les féconde. Une fois fécondé,
l'oeuf se transforme en larve nageuse planctonique avant de devenir adulte.
La mye, la palourde et la moule ont déjà causé plusieurs cas
d'intoxication paralysante par les mollusques chez les consommateurs. La
clovisse ne devrait jamais être cueillie pour consommation puisqu'elle est
toujours toxique et par le fait même très dangereuse. Le couteau et le
pétoncle n'ont heureusement fait aucune victime jusqu'à maintenant. Cependant.
il est bon de noter que les oeufs de pétoncle peuvent être toxiques, mais pas
le muscle bien lavé.
LES GASTÉROPODES
Le buccin, la lunatie et le bigorneau sont des espèces qui font partie de la
classe des gastéropodes, dont la coquille est faite d'une seule pièce sous
forme spiralée.
Le buccin et la lunatie se nourrissent de chair de poissons ou de mollusques
vivants ou morts et sont donc carnivores. Ils deviennent eux-même toxiques en
mangeant certains bivalves toxiques comme la moule. À l'opposé, le bigorneau
est herbivore et se nourrit d'algues macroscopiques et microscopiques.
Chez les gastéropodes. la reproduction se fait par accouplement et la
fécondation des oeufs se manifeste à l'intérieur de la femelle.
Le buccin a déjà provoqué l'intoxication paralysante par les mollusques
chez plusieurs consommateurs. Des cas d'intoxication par le bigorneau ont été
établis dans le passé mais sont maintenant contestés (ce qui illustre ici la
nécessité de bien identifier les espèces et de ne pas confondre les
appellations, notamment devant un médecin). Heureusement, la lunatie n'est
généralement pas consommée.
OÛ RÉCOLTER LES MOLLUSQUES
Il suffit de signaler, à toute heure du jour et sans frais, l'un des
numéros téléphoniques suivants:
Sept-îles
(de Baie-Trinité à Havre-Saint-Pierre):
1-800-252-1736 ou 962-1736, dans la région immédiate de Sept-Îles.
Baie Comeau (de Tadoussac à Baie-Trinité):
1-800-252-8558 ou 296-8558, dans la région immédiate de Baie-Comeau.
Rimouski (du Bic ou pont de Gaspé):
1-800-252-0807 ou 723-0807, dans la région immédiate de Rimouski
Grande-Rivière (de Matapédia jusqu'au pont de Gaspé):
1-800-252-4204 ou 689-4204, dans la région immédiate de Grande-Rivière.
On peut également appeler. durant les heures
d'ouverture, les bureaux suivants du ministère des Pêches et des
Océans, à Québec:
(418) 648-4442 (Service des communications)
ou
(418) 648-3370 (Contrôle des zones coquillières)